La Productivité à l'Ère des Enjeux Environnementaux | L'importance de l'Intégration de l'Environnement dans la Méthode GTD (Get Things Done)

Depuis quelques mois, j’ai investi du temps à m’éduquer sur les enjeux majeurs qui guident notre époque : le changement climatique, la fin prochaine de l’ère du pétrole, charbon et du gaz, l’épuisement des matières premières – pratiquement tous les éléments du tableau de Mendeleiev sont concernés et la réalisation que les énergies que nous pensions inépuisables commencent à montrer leurs limites. Après des centaines d’heures à écouter des spécialistes comme Jean-Marc Jancovici, Arthur Keller, Vincent Mignerot, et d’autres - une question me taraudait : « Je fais quoi de tout cela maintenant? »

La réponse à cette question ne fut pas évidente. Durant des décennies, ma quête était claire : améliorer la productivité, qu’elle soit personnelle ou professionnelle. Toutefois, avec l’accumulation des connaissances sur les enjeux environnementaux actuels, j’ai réalisé que cette recherche incessante d’efficacité n’était peut-être pas en adéquation avec les défis à venir.

Alors à mon modeste niveau, j’en suis arrivé à une conclusion troublante mais nécessaire : l’amélioration de la productivité, telle que je l’ai comprise et pratiquée, doit être repensée, réorientée, et surtout, mise en perspective avec l’impact environnemental. C’est dans cette optique que j’ai souhaité partager mes réflexions sur l’intégration de considérations environnementales dans la méthode GTD (Get Things Done).

La recherche incessante de la productivité a toujours été un pilier majeur du monde des affaires et de l’industrie. La méthode GTD (Get Things Done) est l’une des approches les plus populaires pour augmenter la productivité personnelle et professionnelle. Cependant, à mesure que les préoccupations environnementales augmentent, il devient impératif de repenser la manière dont nous interprétons la productivité.

GTD et le Modèle de Planification Naturel (NPM)

La GTD utilise le modèle de planification naturel (NPM) qui repose sur cinq étapes : définir le but, imaginer le résultat réussi, brainstormer les idées, organiser ces idées et définir les prochaines actions. C’est un outil efficace, mais son efficacité pourrait être augmentée par l’intégration de considérations environnementales.

Repenser la Vision et les Principes

Lors de la définition de la vision et des principes d’un projet, il est crucial d’y intégrer des éléments relatifs à l’impact environnemental. Cela pourrait signifier :

  • Estimer la consommation d’énergie du projet.
  • Évaluer la consommation de ressources nécessaires.
  • Mesurer les émissions potentielles de CO2.
  • Comprendre la transformation des matières en déchets et leur impact sur la biodiversité, l’air, l’eau et le sol.

En ajoutant ces éléments, nous ne mesurons pas seulement la productivité en termes d’achèvements et de bénéfices, mais aussi en termes d’impact environnemental.

Défis et Opportunités

Le défi réside dans la réorientation des mentalités. Beaucoup peuvent percevoir cela comme un ajout de complexité ou une distraction par rapport à l’objectif principal de réalisation d’un projet. Cependant, cette approche offre des opportunités :

  1. Innovation : Rechercher des solutions à faible impact environnemental pourrait conduire à de nouvelles innovations.
  2. Durabilité : Les entreprises qui intègrent des considérations environnementales dans leurs projets ont une meilleure image publique et sont plus durables à long terme.
  3. Réduction des Coûts : L’utilisation efficace des ressources et la minimisation des déchets peuvent entraîner une réduction des coûts à long terme.

Les Écosystèmes GTD : Le Poids Caché de Nos Outils Digitaux

Dans l’univers de la productivité et, plus particulièrement, au sein de la communauté GTD, la construction d’écosystèmes numériques solides est souvent prônée. Ces systèmes, reposant sur une multitude de plateformes digitales, sont conçus pour faciliter notre organisation, notre collaboration et l’accès à nos données à tout moment, de n’importe où. Mais derrière cette flexibilité se cache une réalité moins évoquée : l’impact environnemental.

Si l’on prend un instant pour réfléchir, il est évident que nos choix technologiques entraînent des conséquences écologiques. Mais à quel point ces conséquences sont-elles tangibles ? Combien d’énergie est dépensée pour soutenir les serveurs qui stockent nos fichiers sur le cloud ? Ou encore, quel est l’impact carbone des millions de requêtes que nous effectuons quotidiennement sur ces plateformes ?

À cela, il faut ajouter les appareils que nous utilisons pour accéder et gérer ces données : PC, iMac, tablettes, smartphones. Ces équipements sont constitués d’une série de composants, dont certains sont issus de terres rares. L’extraction de ces terres rares est non seulement énergivore, mais elle engendre également des dégâts environnementaux considérables et soulève des problèmes éthiques relatifs à leurs conditions d’extraction.

Mon écosystème, par exemple, se compose de plusieurs services de stockage en ligne, tels que OneDrive, Google Drive et Dropbox, et d’une panoplie d’appareils pour y accéder. Chacun de ces services et appareils dispose de ses propres empreintes écologiques. La redondance des données, qui nous semble être une garantie contre la perte de données, contribue en réalité à une consommation accrue d’énergie et d’espace de stockage. Sans même mentionner la myriade de photos, parfois oubliées, qui peuplent nos espaces de stockage dans le cloud, et qui, bien qu’elles semblent immatérielles, occupent une place physique sur un serveur quelque part sur notre planète.

Il est essentiel que nous, utilisateurs de la méthode GTD et fervents adeptes de la technologie, prenions conscience de cet impact. Peut-être est-il temps de repenser nos écosystèmes numériques, de privilégier la qualité à la quantité, et de réfléchir à des solutions plus écologiques. Après tout, être productif, c’est aussi savoir faire des choix responsables.

Je souhaite que ce sujet serve de plateforme pour un dialogue ouvert. La complexité des défis environnementaux que nous affrontons nécessite des perspectives multiples et des idées innovantes. C’est pourquoi je vous invite chaleureusement à partager vos opinions, vos critiques, et vos propres expériences sur le sujet. Peut-être avez-vous déjà intégré des considérations écologiques dans vos méthodes de travail ? Ou peut-être avez-vous des réserves sur l’idée d’ajuster nos méthodes de productivité à ces enjeux ? Quoi qu’il en soit, vos retours enrichiront cette discussion, et ensemble, nous pourrons tracer un chemin plus responsable pour l’avenir. Je suis impatient de lire vos réactions et d’apprendre de nos échanges mutuels.

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Hello @yannick !

Quel message complet ! Je te rejoins totalement sur les préoccupations environnementales et sur ta réflexion concernant la productivité.
Pour ma part, cela fait un moment que je mets ma productivité au service des défis actuels (temps libéré pour du bénévolat associatif sur ces sujets, réflexion sur les outils persos et leur consommation, etc).

Ton passage sur la MPN me fait penser au modèle Perma-entreprise (www.permaentreprise.fr) adopté par In Excelsis d’ailleurs, qui impose une réflexion non seulement économique, mais aussi humaine (prendre soin des humains) et envers le vivant (prendre soin de la nature, se fixer des limites, redistribuer les surplus). Au niveau de l’entreprise en général, ce sont pas moins de 23 indicateurs obligatoires à suivre. Tu trouveras sur la page perma du site ces indicateurs (Permaentreprise - IN EXCELSIS).
De plus, au niveau de chaque projet, en plus de faire en sorte qu’aucun projet n’aille télescoper l’un de ces indicateurs, on est invité à avoir une réflexion autour de « l’agencement », c’est-à-dire le fait d’impliquer un maximum d’acteurs locaux, même s’ils sont différents à chaque fois (c’est l’inverse de la tendance qui avait cours jusqu’ici, où on cherchait à minimiser le nombre de fournisseurs par exemple, lesquels étaient censés répondre à tous les besoins quoi qu’on fasse).

Au niveau personnel, j’ai aussi cette recherche de minimalisme digital. J’ai des backups (local et externe) sur des disques, j’ai une seule solutions SaaS (le Drive de Google, car je sais qu’il a déjà un maximum de redondance de son côté, pas la peine que j’en rajoute), l’entreprise n’autorise plus qu’un changement de machine tous les 5 ans (la moyenne de changement d’outils avant était de 3 ans) et on va sans doute augmenter encore cela. Et on évite aussi certaines solutions dont on sait que les considérations écologiques ou humaines ne sont pas leur fort (par ex, Amazon pour l’achat de produits, banni désormais).

Cependant, ce n’est pas toujours si simple. En effet, si je prends les plate-formes serveur, on pourrait penser qu’il vaut mieux privilégier les acteurs locaux, plus petits, moins destructeurs, mais en fait, en prenant en compte l’ultra-optimisation des plate-formes des « grands », au final en termes de préservation environnementale ils sont parfois meilleurs que les plus petits, qui n’ont pas ces moyens d’optimisation.

Bref, il y a des choses évidentes à faire, d’autres plus complexes.

D’une manière générale, le moyen le plus rapide pour diviser jusqu’à 5 son empreinte carbone personnelle, c’est de changer de banque.

Merci @Romain pour ta réponse détaillée et pour avoir partagé ton expérience et ton engagement en faveur de l’environnement. Ton implication dans des initiatives concrètes comme le modèle Perma-entreprise est louable et montre qu’il est possible d’agir à différents niveaux pour répondre aux défis écologiques.

Je suis tout à fait d’accord avec toi concernant les dilemmes auxquels nous sommes confrontés, en particulier en matière de technologie et de choix entre les grands acteurs du marché et les plus petits. Les grandes entreprises ont certes les moyens d’optimiser leurs plateformes, mais elles sont souvent aussi celles qui ont un impact environnemental majeur à l’échelle mondiale.

Justement, je suis tombé sur une enquête récente d’une durée de près de 2 ans qui met en lumière les multinationales responsables de la destruction massive de notre planète, y compris certaines grandes banques. Cette enquête révèle à quel point ces banques contribuent à la pollution et à la dégradation environnementale. La vidéo est disponible ici. Après avoir visionné cette enquête, on pourrait se sentir désemparé à l’échelle individuelle. Le boycott des services fournis par ces entreprises, notamment les banques incriminées, semble être une des seules actions tangibles que nous pourrions entreprendre pour faire pression.

Ton point sur le minimalisme digital et la durabilité des équipements est essentiel. Dans notre monde actuel où le renouvellement technologique est rapide, il est crucial d’adopter une approche plus durable. J’applaudis l’initiative de ton entreprise de limiter le changement de machines.

Encore merci pour ton retour. C’est en partageant nos expériences et nos connaissances que nous pourrons progresser ensemble vers un avenir plus durable