Suis pas entièrement entièrement convaincu de l’absolu du spectre. Quantité de créatifs (dont moi quand j’étais plus inexpérimenté) sont connus pour fonctionner à la deadline, car le stress de manquer un engagement permet de surmonter un autre type de peur extrêmement répandu dans ce domaine : celui de s’atteler au boulot. À un moment, quand la deadline te mord les fesses, tu n’as plus le choix de tergiverser, de procrastiner et de douter, il faut produire. Après, ce n’est pas sain du tout, on est d’accord.
De façon plus productive, l’analytique est nécessaire dans un travail créatif. Si j’écris en suivant ma pure fantaisie, c’est de la pâtée pour chats. Une grande part de mon boulot au quotidien consiste à donner une forme intelligible à ce que je vois et imagine, à comprendre les patterns que me sert mon inconscient pour les révéler, ce qui est un travail très analytique. Mais c’est un équilibre parfois très subtil. Et dans l’absolu, je suis d’accord qu’au moins au début d’une session de travail, il faut réussir à s’ouvrir à ce que veut être – c’est là que se trouve 80% de l’effort dans mon expérience. Une fois le seuil franchi, la session de travail fonctionne la plupart du temps. Mais il s’agit d’une collaboration et de l’usage de la totalité de l’être.
Je ne fais pas vraiment de différence entre un travail créatif ou pas, mais je sais que cet avis n’est pas très partagé Pour moi, dans les deux cas, c’est mon cerveau qui travaille. Je trouve que c’est un peu comme dire que mon muscle du bras travaille différemment selon qu’il lève une chaise ou joue de la guitare : pas vraiment, s’il doit se contracter, il se contracte, sinon non. Je n’ai jamais écrit un morceau de musique ni mes pièces de théâtre « à la deadline » (on pourra certes m’objecter que mes œuvres n’ont connu que des succes d’estime et que je devrais peut-être essayer ). J’ai remarqué que la deadline permettait souvent à ses aficionados de lutter contre un perfectionnisme paralysant, moi c’est l’échéance qui me paralyse.
Cela étant dit, tout le monde gère toujours plusieurs projets en parallèle. Le problème arrive quand on essaie de les gérer un par un. Perso je m’en sors en réservant des plages de temps (sans y affecter d’objet autre que « travailler sur un truc de fond »), avec a l’occasion quelques sprints d’une semaine (genre 1 ou 2 dans l’année) où là, pour le coup, je ne fais RIEN d’autre (aucune autre activité que ça, boire dormir et manger).